Bilan des rencontres 2023
Retour sur les Journées d'Echange et de Recherche des LVA qui se sont déroulées en septembre 2023...
Bilan des JERLVA 2023
Journées d'Echange et de Recherche des LVA
Un public plurigénérationnel attentif à l'intervention de Jean-Luc Minart et Simon Delaunay
C’est au cœur des Cévennes, non loin d’un des berceaux historiques des LVA (le réseau Deligny) que se sont déroulées cette année les Rencontres du Gerpla. Accueillies par le LVA Tentative, situé sur la commune de Saint-Hippolyte-du-Fort, elles ont réunies environ 80 personnes pendant trois jours, les 21, 22 et 23 septembre, sous une météo capricieuse (oserais-je dire cévenole?) qui n’a pourtant pas réussi à ternir le plaisir des retrouvailles !
Ces Journées d’Échange et de Recherche des LVA se sont organisées dans un climat particulier puisqu’elles devaient avoir lieu initialement en mai, en Normandie, puis dans l’Yonne. Mais ces lieux, suite à différentes difficultés rencontrées n’ont pu accueillir les Rencontres, et nous avons dû les décaler dans le temps et l’espace. C’est au final l’équipe du LVA Tentative, sous l’égide de son fraîchement retraité responsable, qui a repris la balle au bond, avec brio, en mettant à disposition son temps, son réseau et ses équipements. Malgré les délais courts, l’évènement s’est superbement déroulé, grâce notamment à l’investissement de chaque participant·e dans l’organisation collective. Installation des espaces, vaisselle, gestion du bar, rangement : tout le monde a mis la main à la pâte dans un état d’esprit coopératif cher au Gerpla.
Plus de 20 structures (LVA et autres) adhérentes au Gerpla étaient présentes, venues en grande majorité de la moitié sud de la France, avec quelques courageux·ses nordistes. Une dizaine de porteur·euses de projet s’étaient également inscrit·es, dont une personne qui a suivi les interventions en visioconférence depuis la Guadeloupe. Nous avons également pu apprécier la présence de proches des LVA et du GERPLA, venu·es en ami·es et curieux·ses, enrichir nos échanges.
Plusieurs ateliers se sont succédés.
Le jeudi, journée habituellement dédiée aux porteur·euses de projet, a aussi contenté les travailleur·euses en LVA car c’est un intervenant de l’URIOPSS Occitanie, Ludovic Mariotti, qui est venu nous inviter à réfléchir sur certaines notions clefs du travail social et médico-social. Après un temps d’apports théoriques en plénière, nous nous sommes donc demandé en petits groupes de travail, comment se positionnaient les LVA par rapport aux concepts d’inclusion, d’autodétermination, de sécurité « mis au service » des liberté et enfin de maltraitance/bientraitance.
Ludovic Mariotti, de l'URIOPSS Occitanie
En parallèle de cela, animés par des membres du CC, Thierry Bazzana et Benoît Omont assisté de Paul Pegliasco membre de Faste Sud-Aveyron, se tenaient deux ateliers spécifiquement dédiés aux porteur·euses de projet : penser son projet de LVA comme un projet politique et introduction à la comptabilité des LVA. De manière étonnante, ces ateliers ont aussi attiré pas mal de travailleur·euses en LVA qui réinterrogeaient leurs propres connaissances de base, mais aussi et surtout leurs propres projets et envies.
Et pour continuer d’explorer l’univers des LVA et du travail social de manière un peu plus artistique, la projection d'Une maison (2021), film-documentaire tourné à Tentative par la réalisatrice Judith Auffray, était proposée. Nous avons également conclu la journée par une conférence gesticulée proposée par Stéphanie Rieu, ancienne travailleuse sociale en institution, qui a mis en mot et en scène les conséquences désastreuses de l’arrivée de la « démarche qualité » au sein de la structure où elle œuvrait. « La démarche qualité j’en veux pas ! Ce qui compte ne se compte pas mais se raconte » : une conférence gesticulée à diffuser largement dans nos milieux professionnels !
Affiche du film-documentaire Une maison (2021) de Judith Auffray, tourné au LVA Tentative
Le lendemain, nous avons ouvert les perspectives en invitant Jean-François Draperi, auteur de l’ouvrage Ruses de riches. Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde (2020). Nous avons été initié·es à l’étonnant univers du « capitalisme humaniste », basé sur l’entreprenariat social et la philanthropie privée répondant à a commande publique. Les LVA sont décidément bien artisanaux et minuscules par rapport aux logiques à l’œuvre dans le vaste monde actuel.
Puis nous avons tenté un retour aux sources, à travers une intervention sur la Psychothérapie institutionnelle, menée par Claude Claverie et Cécile Almeras, toustes deux membres de l’association culturelle de Saint-Alban. Nous avons voyagé entre ses origines historiques et son application pratique aujourd’hui, essentiellement au sein des structures alternatives, tels que les LVA.
Jean-François Draperi |
Cécile Almeras et Claude Claverie |
Pour conclure nous nous sommes offert un moment de rêverie collective à partir de la thématique : maintenant que les LVA sont institutionnalisés et instrumentalisés par leurs départements, comment continuer de faire vivre la marge ? Jean-Luc Minart, auteur de LVA, Réhabiliter l’utopie (2013) et Simon Delaunay, ancien permanent et président associatif de LVA, nous ont dressé un portrait historique puis actuel des LVA et nous ont invités à nous projeter dans un futur tel que nous aimerions le voir advenir et non pas tel qu’il se profile aujourd’hui malgré, sans voire contre nous.
Simon Delaunay énonce tandis que Jean-Luc Minart dessine la "lance" des LVA vers le futur
En fin de journée, les Fanfarons, groupe local de musique festive, ont réchauffé l’ambiance, tout comme les délicieux repas géorgiens préparés par nos restaurateur·rices de l’association Aïssi ! Dans les petits détails du « off » qui permettent de rendre ces rencontres plus belles, il faut également citer une mini-librairie où étaient présentés les Actes des Journées du GERPLA 2022 (qui venaient tout juste de paraître !!), La nef des oufs (2022) génial et poignant écrit collectif de l’équipe du LVA la Bergeronette (71), l’iconique LVA, Réhabiliter l’utopie (2013) de JL Minart auquel l’auteur a adjoint un lexique revu et actualisé à l’occasion des dix ans de l’ouvrage. Des petites linogravures mettant à l’honneur le LVA étaient également présentées.
Des pauses repas rudement méritées, qui permettent de continuer les débats en off !
Pour conclure ces Rencontres, l’habituel Comité de Coordination ouvert s’est tenu en présence d’une grosse vingtaine de personnes venues faire le bilan à chaud de l’évènement et réfléchir au futur du collectif. Une grande décision y a été prise : renommer les imprononçables JERLVA, en ré-adoptant le terme de Journées Nationales ou JN, en vogue il y a quelques années. Nous parlerons désormais des Journées Nationales ! Et plus concrètement, d’autres dynamiques de restructuration sont en cours au sein du GERPLA : mise en place de travail en petits groupes thématiques, les ateliers, et recherche d’un·e remplaçant·e pour la secrétaire dont le départ est prévu au début du printemps 2024.
Samedi matin : comité de coordination ouvert
Les Actes de ces belles rencontres paraîtrons au printemps 2024 (si, si on va y arriver !).
Psssst : pour les prochaines Journées Nationales, ça se passera en mai, quelque part dans la moitié nord de la France. On y travaille actuellement !!